Ce carnet traite des principes et des méthodes de la terminologie ainsi que de techno-langagerie. Yvan Cloutier, terminologue

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Cyber-langagerie

jeudi 16 octobre 2008

Robert Dubuc, père de la terminologie au Canada

Je reproduis ici des extraits de l'allocution de Robert Dubuc à
l’occasion de la Journée mondiale de la traduction.
M. Dubuc a parlé de la passion des pionniers de la terminologie pour leur profession et de la nécessité de veiller au grain pour éviter le babélisme.

« Ces deux initiatives [la création de l’Office de la langue française et du Comité de linguistique de Radio-Canada] ont entraîné une fièvre d’actualisation du français d’ici et une prise de conscience de la nécessité de le mettre au diapason du français utilisé ailleurs dans le monde. Il est vite devenu évident que cette opération de mise à jour n’était pas réalisable sans un travail terminologique systématique et rigoureux. Il fallait pouvoir nommer en français les réalités du monde professionnel, technique et administratif. »

« Ce besoin de l’efficacité de la communication a été à l’origine des mouvements de normalisation et de mise en ordre des terminologies. Les terminologues ont ressenti plus que quiconque les risques du babélisme au sein des langues de spécialité. Aussi ont-ils été à l’origine des comités de terminologie dans de nombreux domaines : comptabilité, relations professionnelles, droit, médecine, pharmacologie et autres. Dans ces comités, terminologues et spécialistes ont joint leurs efforts pour rationaliser leur terminologie. »

« Le premier effet [de la terminologie] est, sans contredit, la création d’une école de terminologie dont le rayonnement s’est fait sentir de par le monde. Cette école se distingue d’abord par son enracinement dans la réalité même des spécialités en intégrant les spécialistes au travail terminologique, ensuite par l’importance accordée à la situation de communication et enfin par la nécessité de la validation rigoureuse des données. »

« Un dernier effet a été l’encadrement professionnel de la pratique au sein des professions langagières, grâce auquel la terminologie est devenue une profession dûment reconnue. »

« La grande révolution dans le travail terminologique est sans conteste l’arrivée de l’informatique et de son rejeton Internet. Ces innovations technologiques ont non seulement permis l’accélération du travail de recherche, mais encore ont donné un accès illimité à la documentation et ouvert des possibilités inespérées de diffusion et d’utilisation des données terminologiques. »

« Par contre, elles comportent aussi des risques. Elles donnent également accès au meilleur et au pire et, tentation de la facilité aidant, on peut escamoter volontiers la validation des sources. Il peut s’en suivre l’implantation d’une terminologie de calque qui risque de parasiter et même de détruire la terminologie de souche. Le cas échéant, il en résulterait un babélisme insidieux, car il est dans la nature même des langues de nourrir leurs terminologies de leur humus culturel. De ce fait, la transparence interlangue des termes devient impossible. »

« Prenons un exemple terre à terre emprunté au vocabulaire des outils de cuisine. La petite brosse dont on se sert pour recueillir les miettes laissées sur la nappe par les convives s’appelle en anglais silent butler. On décèle dans ce terme l’importance accordée aux serviteurs dans la culture anglo-saxonne. En français, ce dispositif se nomme ramasse-miettes, terme qui met l’accent sur sa fonction. Le calque, dans l’un ou l’autre sens, n’aurait plus aucun enracinement réel. La terminologie de calque connote donc une artificialité difficilement compatible avec la vie du langage. Les terminologies doivent avoir un nécessaire enracinement culturel. »

« Pour conjurer ces dangers, tout en profitant des avantages de la technologie informatique, il faut pouvoir compter sur des terminologues bien formés et tout aussi passionnés que les pionniers. »

« Il faut donc lancer à la relève le défi de la passion! »


SOURCE : dermier bulletin de nouvelles de l'OTTIAQ (L'antenne)

Dépouillement terminologique machine














Je me souviens il y a quelque années d'avoir assisté à une démonstration du logiciel Nomino qui m'avait beaucoup impressionné. Ce dépouilleur peut consigner en un temps record les unités terminologiques d'un texte sans aucune intervention humaine.

Voici des exemples d'unités terminologiques relevées par Nomino :

volaille
volaille_cuite
volaille_d_élevage
volaille_domestique
volailles_domestiques
volailles_domestiques_infectées
volailles_infectées
------
maladie_fréquente
maladie_infectieuse
maladie_respiratoire
maladie_respiratoire_fréquente
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influenza_aviaire
influenza_aviaire_H5N1
influenza_H5N1

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pandémie
pandémie_de_grippe
pandémie_de_grippe_aviaire

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Dans ces exemples on peut voir en gras des unités terminologiques pertinentes qui pourraient faire l'objet d'un choix humain. Tout de même impressionnant pour une machine !

Sur les bitextes et les multitextes

Les bitextes et les multitextes sont des sites qui permettent une navigation multilingue et en texte intégral. Les pages multitextes contiennent des libellés hyperliés vers une ou plusieurs langues d'arrivée. Ils sont souvent présentés sous forme de moteurs de recherche, à navigation thématisée ou par mots clés, qui repèrent les termes dans des pages où on trouve des liens qui conduisent aux pages équivalentes dans diverses langues d'arrivée. Le site du moteur de recherche principal du Gouvernement canadien est un excellent exemple de ce type d'interface.

L'avantage des multitextes par rapport aux sites spécifiquement langagiers comme les banques de terminologie et les dictionnaires est que l'on y a accès à tout le texte (tournures de phrases, phrasèmes, périphrases, etc.) et non pas seulement à certaines parcelles de textes idélimitées par les règles de rédaction d'une fiche terminologique. Dans la plupart des banques de terminologie et dictionnaires les fiches sont produites à partir d'un découpage de texte qui prive l'utilisateur du macrocontexte.


Les multitextes devraient être interrogés après les banques de terminologie du point de vue de l'importance à accorder aux ressources lors d'une démarche terminologique visant à trouver des équivalents.

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