l’occasion de la Journée mondiale de la traduction.
M. Dubuc a parlé de la passion des pionniers de la terminologie pour leur profession et de la nécessité de veiller au grain pour éviter le babélisme.
« Ces deux initiatives [la création de l’Office de la langue française et du Comité de linguistique de Radio-Canada] ont entraîné une fièvre d’actualisation du français d’ici et une prise de conscience de la nécessité de le mettre au diapason du français utilisé ailleurs dans le monde. Il est vite devenu évident que cette opération de mise à jour n’était pas réalisable sans un travail terminologique systématique et rigoureux. Il fallait pouvoir nommer en français les réalités du monde professionnel, technique et administratif. »
« Ce besoin de l’efficacité de la communication a été à l’origine des mouvements de normalisation et de mise en ordre des terminologies. Les terminologues ont ressenti plus que quiconque les risques du babélisme au sein des langues de spécialité. Aussi ont-ils été à l’origine des comités de terminologie dans de nombreux domaines : comptabilité, relations professionnelles, droit, médecine, pharmacologie et autres. Dans ces comités, terminologues et spécialistes ont joint leurs efforts pour rationaliser leur terminologie. »
« Le premier effet [de la terminologie] est, sans contredit, la création d’une école de terminologie dont le rayonnement s’est fait sentir de par le monde. Cette école se distingue d’abord par son enracinement dans la réalité même des spécialités en intégrant les spécialistes au travail terminologique, ensuite par l’importance accordée à la situation de communication et enfin par la nécessité de la validation rigoureuse des données. »
« Un dernier effet a été l’encadrement professionnel de la pratique au sein des professions langagières, grâce auquel la terminologie est devenue une profession dûment reconnue. »
« La grande révolution dans le travail terminologique est sans conteste l’arrivée de l’informatique et de son rejeton Internet. Ces innovations technologiques ont non seulement permis l’accélération du travail de recherche, mais encore ont donné un accès illimité à la documentation et ouvert des possibilités inespérées de diffusion et d’utilisation des données terminologiques. »
« Par contre, elles comportent aussi des risques. Elles donnent également accès au meilleur et au pire et, tentation de la facilité aidant, on peut escamoter volontiers la validation des sources. Il peut s’en suivre l’implantation d’une terminologie de calque qui risque de parasiter et même de détruire la terminologie de souche. Le cas échéant, il en résulterait un babélisme insidieux, car il est dans la nature même des langues de nourrir leurs terminologies de leur humus culturel. De ce fait, la transparence interlangue des termes devient impossible. »
« Prenons un exemple terre à terre emprunté au vocabulaire des outils de cuisine. La petite brosse dont on se sert pour recueillir les miettes laissées sur la nappe par les convives s’appelle en anglais silent butler. On décèle dans ce terme l’importance accordée aux serviteurs dans la culture anglo-saxonne. En français, ce dispositif se nomme ramasse-miettes, terme qui met l’accent sur sa fonction. Le calque, dans l’un ou l’autre sens, n’aurait plus aucun enracinement réel. La terminologie de calque connote donc une artificialité difficilement compatible avec la vie du langage. Les terminologies doivent avoir un nécessaire enracinement culturel. »
« Pour conjurer ces dangers, tout en profitant des avantages de la technologie informatique, il faut pouvoir compter sur des terminologues bien formés et tout aussi passionnés que les pionniers. »
« Il faut donc lancer à la relève le défi de la passion! »
SOURCE : dermier bulletin de nouvelles de l'OTTIAQ (L'antenne)
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